Intégrer la bienveillance managériale pour un leadership performant et humain

La bienveillance est devenue un mot-clé dans l'univers du management d'entreprise, incarnant un modèle de leadership moderne. Cependant, mal définie, cette notion peut paradoxalement mener à des résultats contraires à ceux escomptés.

Qu'est-ce que la bienveillance managériale ?

La bienveillance managériale se définit comme la capacité d'engendrer du positif en soi et chez autrui, dans une approche discrète et tranquille. Elle implique l'aptitude à offrir un soutien, conduisant à un état d'esprit plus détendu et serein. Un sourire bienveillant, par exemple, n'est pas juste un geste, mais un moyen de créer un climat de confiance et de communiquer des intentions positives.

La bienveillance commence par soi-même. Pour mieux comprendre l'impact de la bienveillance sur le management, prenons un exemple concret : si je suis excessivement sévère et autocritique, il me sera naturellement difficile de me sentir suffisamment libre et détendu pour explorer de nouvelles idées, jouer avec les concepts et libérer pleinement mon imagination. Cette autocritique peut créer un blocage mental, inhibant la libre pensée et la créativité. En parallèle, si je souhaite encourager mon équipe à être plus innovante et créative, l'atmosphère que je crée autour d'eux est fondamentale. Il est essentiel de cultiver un environnement de travail amical et sécurisant, propice à la créativité, où les membres de l'équipe se sentent soutenus et confiants pour prendre des initiatives, oser prendre des risques et se lancer dans un brainstorming productif et dynamique.

Cependant, il est important de noter que la bienveillance en management ne doit pas être mal interprétée comme une absence de confrontation ou un manque de courage managérial. Un véritable manager bienveillant doit trouver un équilibre délicat entre offrir des encouragements et des feedbacks positifs, et en même temps, savoir poser des défis constructifs et promouvoir une culture d'amélioration continue. Il ne s'agit pas seulement de complimenter avec des phrases comme « c'est super », « vous avez fait un très bon travail », ou « vous êtes géniaux », mais aussi d'encourager l'équipe à se dépasser, à réfléchir de manière critique et à innover.

La bienveillance, dans ce contexte, est un mélange de soutien empathique et de stimulation intellectuelle, favorisant un environnement où le respect mutuel, la confiance et l'engagement à l'excellence coexistent harmonieusement.

Bienveillance et performance au travail

Selon Guillaume Mercier et Ghislain Deslandes, "Formal and Informal Benevolence in A Profit-Oriented Context", la bienveillance dans le contexte professionnel se définit comme une forme d'engagement envers l'autre, visant son développement sur les plans éthique, technique et professionnel. Cette forme de bienveillance représente un effort soutenu d'écoute active, s'apparentant presque à un service rendu à l'autre.

Une étude menée par CadreEmploi en juin 2019, portant sur 1 123 cadres français, a révélé que la moitié d'entre eux avaient expérimenté tout ou partie des symptômes du burn-out. Les raisons principales identifiées incluent un excès de pression professionnelle (63%), une charge de travail excessive (59%), un manque de reconnaissance pour le travail accompli (54%), ainsi que le stress (53%). Ces facteurs, souvent préjudiciables à la santé mentale et au bien-être des collaborateurs, peuvent être significativement atténués par un management empreint de bienveillance.

En pratique, l'adoption d'un style de management bienveillant ne se traduit pas seulement par une amélioration du bien-être des employés, mais aussi par des avantages tangibles pour la performance de l'entreprise. Parmi ces bénéfices, nous pouvons observer :

• Une réduction notable de l'absentéisme.
• Un accroissement de la productivité des équipes.
• Une diminution du taux de turnover, reflétant une meilleure rétention des talents.
• Une augmentation significative de la créativité des collaborateurs, catalysant l'innovation et la croissance de l'entreprise.

Développer la bienveillance

La bienveillance en management, un concept à la fois acquis et développé, débute avec une décision personnelle engagée. Cette décision doit être suivie d'une application disciplinée et cohérente. Selon les auteurs Guillaume Mercier et Ghislain Deslandes, il existe deux formes complémentaires de bienveillance :

1. La bienveillance formelle : Cette forme est instrumentale et orientée vers les objectifs de l'organisation. Elle se caractérise par une approche structurée visant à aligner les comportements bienveillants avec les objectifs stratégiques de l'entreprise.
2. La bienveillance informelle : Plus sincère et désintéressée, cette forme de bienveillance s'inspire de l'approche maussienne du « don contre don ». Elle est caractérisée par des interactions authentiques et un engagement personnel au-delà des attentes formelles.

La bienveillance managériale est bien plus qu'un simple outil : c'est une philosophie de gestion qui nécessite une réflexion profonde et un équilibre dans son application pour être réellement efficace. Elle transcende les simples mots ou gestes et se manifeste dans les pratiques quotidiennes. En façonnant de manière positive la culture d'entreprise, la bienveillance managériale a un impact significatif sur la performance globale et la dynamique de l'entreprise, rendant ainsi les environnements de travail plus humains, productifs et harmonieux.